Très rapidement, à partir de 1952, Victor Vasarely aborde l’abstraction. Le champ chromatique est réduit à quelques couleurs, et la ligne, élégante et souple, y joue un rôle dynamique. Un séjour à Belle-Île-en-Mer (1947) et la découverte du galet ayant affermi l’artiste dans son idée, dès lors constante, que « les langages de l’esprit ne sont que les supervibrations de la grande nature physique », la « période cristal » (Gordes, Vaucluse, 1948) repose sur le même passage d’une réalité à la synthèse.
La conquête du Cinétisme apparaît en filigrane dans l’œuvre de Vasarely. Elle n’est pas subite et accidentelle, mais elle est le terme d’un labeur constant et acharné. Ces jalons du Cinétisme, Victor Vasarely les a lui-même situés dans Étude bleue (1930), Folklore, où il reprend les particules colorées d’un Klimt, de caractère Modern Style, suivant un processus d’organisation dynamique de la surface. La série des Zèbres (1932-1942) définit enfin l’esprit de toutes les recherches ultérieures.
Dès lors, Victor Vasarely a progressé à partir de ses données anciennes, passant de la peinture de chevalet au mur et de la surface au volume, introduisant enfin des matériaux nouveaux (aluminium, verre) en vue de préparer l’intégration de ses œuvres à l’architecture, qui est finalement son but suprême : cité universitaire de Caracas, avec un décor mural en hommage à Malevich, compositions en céramique et lames d’aluminium, réalisation dans le cadre des constructions de Jean Ginsberg (à Paris, immeubles du boulevard Lannes, de l’avenue de Versailles, de la rue Camou ; H. L. M. de la ville de Meaux), sculpture polychrome à Flaine (Haute-Savoie), tapisseries tissées à Aubusson.
Victor Vasarely a réalisé aussi d’importantes peintures graphiques : Chell (1949), Album Vasarely (1958), Album III (1959), Constellations (1967), sérigraphies. Parce qu’il est à la fois peintre et sculpteur, il est plutôt un plasticien, un metteur en scène de la couleur et de l’espace. Il a ardemment milité pour la création d’un espace mural animé par des effets d’optique, l’abandon du tableau de chevalet et vise à renouer avec la tradition de la Renaissance, qui ambitionnait un art total.
Victor Vasarely a défini sa méthode dans de nombreux ouvrages, en particulier Plasti-Cité paru en 1970. Il est représenté dans de nombreux musées d’art moderne. Une exposition Vasarely, 50 ans de création a été présentée à Lausanne, musée Olympique, en 1996, et à Libourne, M. B. A., la même année.