Un œuvre, qu’est-ce donc ? Une vie ou tout comme.
Les objets qui s’égrènent pour constituer un œuvre se revendiquent d’un plaisir, mais y a-t-il toujours plaisir quand la nécessité de faire se heurte au front du monde et à la matière tenace de la peinture?
Quand ces objets sont comme le dit l’artiste de probables miroirs de lui-même, la tâche ressemble à une quête essentielle dont on craint d’en connaître l’origine autant qu’on le souhaite.
Et il y a le travail qui n’ouvre que sur la perspective de ses quatre murs de l’atelier, mais la peinture les creuse de ses lumières. Lumières noires à nos yeux qu’il faut reconnaître d’un autre genre. Lumières qui prennent prétexte de notre regard pour aller vers un au-delà, point ultime de la quête de Bouman.
Sans fumée, sans musc ni fétiche, au-delà des images, venues non de la pensée et comme sous l’effet d’une possession, ses tableaux mais aussi l’entier de son – témoignent d’une recherche sans destination mais qui le présente œuvre- aux autres dans la plus grande nudité, regard étonné mais jamais perdu.
La peinture, comme un diapason, met l’homme à l’échelle de lui-même. Pas si haut – voilà bien longtemps que les idéaux sont devenus des marionnettes -, mais jamais au bas du désespoir, car toujours sur les pas de ces autres artistes qui avant lui tentaient de faire une clarté de la nuit.
Le feu des bronzes, la fulgurance du numérique, les tensions dans l’atelier, l’œil au bout de la main. Le cœur comme la clef d’une fugue, et voilà l’œuvre !
Ici, il n’y a pas d’oracle et, comme en tout ce qui tient la spiritualité, la réponse est dans la question même que ne cesse de nous poser les figures de Bouman.
— Alin Avila